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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 21:38

 

« Guerre sans précédent : l'ennemi foulait aux pieds toute la vie du peuple; il abattait les croix dans les cimetières où des êtres chéris sont enterrés; il brûlait les livres d'enfants, il piétinait les vergers où les grands-pères avaient planté les pommiers et les cerisiers; il posait le pied sur le cou des vieilles grands-mères qui racontaient aux gosses l'histoire du coq à crête rouge; il faisait pendre les tonneliers, les forgerons, les vieux gardiens ronchonneurs. L'Ukraine, la Biélorussie et la Russie n'avaient jamais entendu pareille chose. Pareille chose ne s'était jamais vue en terre soviétique ».

C'est dans ces termes que le grand écrivain Vassili Grossman évoque, dans son roman Le peuple est immortel, l'invasion de l'URSS par les troupes allemandes et leurs alliés (Italie, Hongrie, Roumanie, Finlande, Slovaquie, Croatie, nationalistes ukrainiens, lettons, lituaniens et estoniens, volontaires fascistes français, espagnols, danois, belges...). Cette guerre a débuté il y a aujourd'hui 70 ans, le 22 juin 1941.

Cette guerre n'est pas une guerre traditionnelle. C'est une guerre raciste, une guerre d'extermination contre les peuples de l'URSS, contre les Juifs. 27 millions de Soviétiques ont été tués par les nazis, au combat, dans les camps de prisonniers, dans les camps de concentration et d'extermination, au cours des innombrables opérations criminelles menés dans les territoires soviétiques qu'ils ont occupés entre 1941 et 1945, du fait des privations à l'arrière du front ou à Leningrad assiégé pendant 872 jours. La Biélorussie a perdu le quart de sa population. Près de 700 villages y ont été incendiés. 700 Ouradour sur Glane. Cette politique d'extermination de la population s'accompagne en outre du transfert en Allemagne ou de la destruction de la force industrielle et des biens culturels (oeuvres d'arts, bibliothèques, archives, palais, maisons d'écrivains). C'est l'annihilation de peuples entiers, de leur population, de leur histoire que visaient les chefs nazis et leurs alliés. C'est la colonisation des terres soviétiques que recherchaient Hitler et ses complices.

Cet aspect de la seconde guerre mondiale est assez peu connu en Occident à une échelle de masse. La guerre menée par Hitler contre l'URSS est LA guerre du nazisme, celle qu'il annonçait dans Mein Kampf comme le couronnement de son œuvre, comme la condition sine qua non de l'instauration du nouvel ordre fasciste sur l'Europe.

Aujourd'hui, il est de bon ton de renvoyer dos à dos les régimes nazi et stalinien, quand ce n'est pas le nazisme et le communisme. Bien sûr le régime stalinien fut un cauchemar bureaucratique et policier. Bien sûr il faut mener des enquêtes historiques scientifiques sur les crimes qu'il a commis. Bien sûr il y eut le pacte germano-soviétique et Katyn. Mais dire que l'URSS et l'Allemagne nazie furent les deux facettes d'une même hydre, le totalitarisme, revient à relativiser le caractère intrinsèquement génocidaire du régime hitlérien. C'est du révisionnisme.

Les nazis et leurs alliés ont considéré l'URSS comme leur principal ennemi. Pour preuve, en avril 1945, les restes de la Wehrmacht se concentrent contre l'Armée rouge tandis que les troupes allemandes sur le front ouest se rendent en masse. Le 9 mai 1945, encore, les Allemands résistent en Courlande et à Prague, contre l'Armée rouge.

Derrière les nazis s'engagent tous les collaborateurs de l'Europe, dans les pays alliés, vassaux ou occupés par l'Allemagne. Cette guerre est pour eux l'aboutissement d'une politique antisoviétique et anticommuniste dont les racines sont anciennes. Les « journalistes » de « Je suis partout », Brasillach, Rabatet, Cousteau y trouvent le couronnement de leur engagement politique de droite.

La résistance des peuples soviétiques, de l'Armée rouge, des partisans, permit de stopper l'avance nazie. Après avoir tremblé à l'automne 1941 et à l'été 1942, l'URSS ne s'est pas effondrée. Elle est sortie victorieuse de cette lutte à mort. Elle a refoulé l'envahisseur et libéré l'Europe centrale et orientale du nazisme. Elle a pris Berlin et mis fin du régime hitlérien. Dire cela n'enlève rien au rôle des alliés occidentaux et des forces de résistance dans le reste de l'Europe, en Afrique, en Asie. Mais sans l'URSS, il n'y aurait pas eu de victoire alliée en Europe, ou alors bien après 1945.

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