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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 18:10

Le 17 septembre dernier, les Archives d’État de la Fédération de Russie (initiales russes : GARF) fêtaient les 90 ans de leur existence. Cet anniversaire est l’occasion de revenir sur l’histoire de cette institution. GARF est l’héritier du centre d’archives de la Révolution d’Octobre, créé en 1920, et des Archives centrales d’État de la RSFSR.

 

I-                   Les décisions de 1920

 

Le 17 septembre 1920 est en effet promulgué un décret de la Direction générale des archives du Commissariat du peuple à l’Instruction « pour la conservation des documents importants de la RSFSR ainsi que les documents les plus précieux de l’ancien régime ». Les Archives d’État de la RSFSR sont créées. Elles sont composées de quatre départements :

-         documents sur la politique intérieure et extérieure jusqu’au XVIIIe s.

-         documents d’État de l’époque moderne (XIXe s.-1er mars 1917)

-         documents sur l’histoire de la Révolution et du mouvement social (jusqu’au 1er mars 1917)

-         documents sur la Révolution (après le 1er mars 1917).

Ce quatrième département, appelé « Archives de la Révolution d’Octobre » est divisé en six services : politique intérieure et extérieure, histoire du Parti bolchevique, lettres et mémoires, documents économiques et statistiques, presse, images. Le 21 septembre 1920, le Conseil des commissaires du peuple décide la création d’une commission chargée de rassembler des documents sur l’histoire de la Révolution et du Parti communiste.

Le 24 novembre 1921, le présidium du Comité exécutif central rattache directement sous son autorité la Direction générale des archives du Commissariat du peuple à l’Instruction sous le nom d’Archives centrales de la RSFSR (Centrarhiv).

 

II-                Les Archives de la Révolution d’Octobre, centre d’archives contemporaines de l’URSS

 

Le pouvoir soviétique accorde beaucoup d’importance aux archives de la Révolution. Le service des Archives de la Révolution d’Octobre devient autonome en mai 1923. Il a pour mission de collecter les documents se rapportant aux évènements de 1917 et aux partis révolutionnaires et contre-révolutionnaires, y compris les photographies et les documents cinématographiques. Les documents qui concernent directement Lénine sont, eux, transférés à l’Institut Lénine, par décision du XIIIe congrès du Parti en mai 1924. Les Archives de la Révolution en conserveront cependant une copie. À partir de 1925, les archives de l’Armée rouge constituent une institution particulière. Malgré la naissance de ces deux centres « concurrents », les collections des Archives de la Révolution croissent rapidement. Elles comportent, en 1926, 229 fonds et 500 000 documents et, en 1928, 3000 fonds et plus d’un million de documents. Une section d’archives cinématographiques est créée. Les Archives de la Révolution s’installent dans un nouveau bâtiment, spécialement conçu pour les abriter, en 1934.

En 1935, elles deviennent officiellement le lieu de conservation des documents des organes supérieurs de l’État soviétique comme de la RSFSR, ainsi que du Gouvernement provisoire, des gouvernements contre-révolutionnaires de l’époque de la guerre civile et de l’intervention militaire étrangère. L’organisation interne est profondément réformée. Un conseil scientifique est institué. En 1938, les Archives de la Révolution d’octobre comptent 3500 fonds et presque 1,5 million de documents. 

En 1938, les archives d’État sont placées sous la tutelle du commissariat du peuple aux affaires intérieures (NKVD) de l’URSS. Cette décision place les archives sous contrôle. Les Archives de la Révolution d’Octobre deviennent les « Archives centrales d’État de la Révolution d’Octobre » (CGAOR).

Par un décret du Conseil des commissaires du peuple de l’URSS du 29 mars 1941, l’organisation des centres d’archives d’État est modifiée. Les Archives de la Révolution prennent le nom d’Archives centrales d’État de la Révolution d’Octobre et de l’édification du socialisme » (initiales russes : CGAORSS).

 

III-             Les versements avant et après la guerre

 

Durant la période de la guerre, les archives sont évacuées à Perm (alors Molotov), à Orenburg (alors Čkalov) et à Barnaul. Cette période voit l’arrivée aux Archives de 350 000 dossiers du présidium du Comité exécutif central, du Soviet suprême de la RSFSR et du conseil des commissaires du peuple de l’URSS.

Après la guerre, des versements importants agrandissent les fonds :

-         En 1946, la Tchécoslovaquie cède les Archives historiques de l’émigration russe (RZIA) fondées à Prague en 1923. Ces documents seront par la suite répartis, selon leur thème ou leur intérêt régional, dans divers centres d’archives thématiques ou régionaux.

-          De même, CGAORSS acquiert en 1951 les archives de la « Сommission extraordinaire d’État sur les méfaits des occupants germano fascistes et de leurs complices » qui a enquêté sur les massacres commis par les fascistes dans les territoires occupés.

-          De 1953 à 1958, les archives des procès de Nuremberg et de Tokyo y sont également versées.

-          En 1957, CGAORSS reçoit les archives des 24 ministères et administrations de l’URSS qui sont supprimés (1).

-          Les archives du Ministère de l’Intérieur d’URSS y sont versées en 1960.

En 1958, CGAORSS compte 5500 fonds et presque 6 millions de dossiers, qui s’étendent de 1917 à 1956.

 

Le 28 juillet 1961, CGAORSS est divisé en deux : les Archives centrales d’État de la Révolution d’Octobre de l’URSS (CGAOR URSS) et les Archives centrales d’État de l’économie populaire (CGANH). CGAOR compte alors 4600 fonds et 2,8 millions de dossiers. Il rassemble les archives des organes supérieurs de l’État de l’URSS ainsi que des organes centraux dans les domaines du travail, de la santé, de l’éducation, de la presse, de l’information, des affaires intérieures, de la justice, du contrôle de l’État, de la procurature d’État ainsi que les archives de certaines organisations sociales. En outre, les fonds des anciennes Archives historiques centrales d’État (CGIAM) rejoignent CGAOR.

 

Les années 1970 et 1980 voient une diminution des fonds. Certains rejoignent les Archives centrales d’État de la RSFSR. En 1980 et 1984, le KGB et le ministère de l’intérieur de l’URSS reçoivent respectivement le droit de conserver les documents d’archives qu’ils produisent. Le 1er janvier 1992, le CGAOR compte 2500 fonds et 3,5 millions de dossiers.

 

IV-             La naissance de GARF

 

Le 28 avril 1992 les fonds de CGAOR et des Archives centrales de la RSFSR sont fondus dans une nouvelle institution, les Archives d’État de la Fédération de Russie (GARF). Le 1er janvier 1993, GARF compte 3100 fonds et 5 millions de documents.

 

Le 7 décembre 1993, est fixée une liste de 323 institutions qui doivent verser leurs archives à GARF. On y trouve le gouvernement, les organes centraux du pouvoir législatif ainsi que les organes fédéraux du pouvoir, à l’exception des ministères de la défense, des affaires étrangères et de la culture, du comité du cinéma et de l’Académie des sciences. GARF profite également du rapatriement d’archives de l’émigration.

A partir de 1996, l’informatisation de GARF permet de créer 51 bases de données qui réunissent 450 000 notices.

 

 

 

(1) En 1957, Khrouchtchev supprime des ministères et des administrations de nature économique et industrielle. Il transfère leurs compétences aux républiques fédérées et aux Sovnarkhozes (Conseils économiques) qui sont créées dans les républiques et les régions.

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6 septembre 2009 7 06 /09 /septembre /2009 19:14

C’est sous ce titre un peu provocateur que la Bibliothèque d’État des Sciences Sociales et Politiques (GOPB) ouvre le 24 septembre une exposition consacrée aux nombreuses éditions du « Capital » qu’elle recèle. L’annonce de l’exposition explicite le propos : « La globalisation de l’économie mondiale et surtout la crise financière et économique qui touche au cours de ces dernières années les principaux pays industrialisés du monde a réveillé l’intérêt porté à la théorie économique de Karl Marx ».

 

L’actualité de l’analyse de Marx pousse la GOPB à mettre en valeur une des clés de la richesse de ses collections. Elle possède en effet un des fonds marxistes les plus riches du monde, et plus largement rassemble une collection extrêmement précieuse sur l’histoire du mouvement ouvrier international. Et pour cause. Cette bibliothèque fédérale créée en 1992 est l’héritière directe de la bibliothèque de l’Institut du marxisme-léninisme. Son créateur est le grand spécialiste soviétique de Marx David Borisovič Râzanov (fusillé sur ordre de Staline en 1938), dont le portrait se trouve encore dans la salle de lecture du service des livres rares. Les bibliothécaires de la GOPB ne se sont d’ailleurs jamais résignés à enlever les œuvres complètes de Marx et de Lénine des usuels de la grande salle de lecture.

 

L’exposition présentera la première édition du premier tome du « Capital » (tirée à 1000 exemplaires en septembre 1867). On y verra également les premières traductions en français, en anglais et en russe (parue à Saint-Pétersbourg en 1872, ce fut la première traduction du « Capital » à être publiée). Les trois tomes du « Capital » furent édités 165 fois, dans 18 langues, entre 1917 et 1991 en Union Soviétique, pour un tirage total de 6 millions d’exemplaires.

Seront également exposés des documents (recensions, articles) illustrant la réception du « Capital » en Russie avant 1917, sa place en URSS ainsi que l’analyse qu’on peut en faire de nos jours.

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